Leh, le 6 Août 2010

SUR LES CHEMINS DU LADAKH ET DU ZANSKAR

 

Nous voici en juillet et l'été pointe enfin son nez au Ladakh. Les températures grimpent un peu plus chaque jour et la neige recule doucement sur les montagnes alors que les rivières gonflent avec l'eau de fonte. En début du mois, nous reçevons Caro et Isa (sister et cousine) qui viennent grossir les rangs de notre team pour 40 jours. Un bon programme sportif et découverte les attendent avec 26 jours de marche sur les chemins du Ladakh et du Zanskar.

 

Pour notre aventure, nous partons de Shang Sumdo, au sud est de Leh pour parcourir la vallée de Markha. Après le passage du Kongmaru La, notre premier col à 5150 m, qui se réalise dans le brouillard et sous la neige, nous rejoignons la vallée, au pied du Kang Yatse. Les deux jours suivants nous marchons en direction des villages de Markha et Skiu, à contre-sens de nombreux groupes d'étrangers assistés par toute une troupe de guides, d'aides de camps et de cuisiniers. De notre côté, nous privilégions la débrouille et le petit budget en partant avec un muletier et 3 puis 4 chevaux pour le portage de nos affaires. Nous emmenons environ 100 kgs de nourriture, 30 kgs de matériel et 15 litres de pétrole. La vallée de Markha est aride et encaissée entre de hautes montagnes rocheuses ou s'accrochent parfois des monastères comme le gompa de Tacha, perché au sommet d'un éperon rocheux. Les villages de Markha et de Skiu, où nous campons, forment des oasis de verdures dans ces paysages rocailleux et à Markha, le monastère se détache de la colline qui surplombe le village.

 

Nous prenons ensuite la route d'Honupatta qui doit nous ouvrir les portes du Zanskar. A Chilling, nous traversons la bouillonnante rivière Zanskar à l'aide d'une petite nacelle de bois. Karma, notre muletier, et les chevaux sont contraints de faire un long détour pour accéder à un pont. Nous avons donc une journée de repos où nous allons nous baigner dans les torrents de la vallée. Nous passons ensuite le Dung Dung La (4710 m) et le Konze La (4900 m) qui nous offrent un magnifique panorama montagneux. Au pied de ce dernier nous achetons du fromage de yak à des éléveurs montés en alpage avec leurs bêtes. Ils passent l’été dans des maisons de pierres basses aux toits de bois et de terre. Pour rejoindre Honupatta, nous empruntons une des portions de route qui dorénavant font partie du paysage. Celles-ci permettent à des villages isolés d'être accessibles plus facilement pour les hommes mais aussi pour les produits de consommation maintenant courants au Ladakh. Au camping d'Honupatta, Karma nous explique que ses chevaux ne peuvent pas aller librement en pâture pour la nuit, qu'il doit les attacher et acheter de l'orge aux villageois en guise de nourriture. Pour ce 14 juillet pas de feux d'artifice ni de pétards mais des snikers et kitkat momos fris. On apprecie tout autant ! Nous devenons des pros de la cuisine sur réchaud : soirées chapatis, riz toffu lait de coco, soupe ladakhi, pad thaï ... Les ladakhis sont peut habitués à voir des étrangers à cette tâche et notre coin popotte attire de nombreux regards curieux et amusés chaque soir.

 

Nous voici dorénavant aux portes du Zanskar et les paysages nous subliment. Les roses sauvages contrastent avec les couleurs grises et rouges des roches. Des sommets enneigés apparaissent à chaque col et laissent présager du potentiel d'ascension. Nous visitons quelques villages comme Photaksar, accroché à la falaise, semblant résister à l'érosion. Dans ces villages nous nous réaprovisionnons en tsampa (farine d'orge grillé). Mélangée à du thé noir, du beurre et du sucre, c'est le petit déjeuner ou encas idéal. Après le Singe La (5010m) encore partiellement sous la neige , nous abordons la vallée du Zanskar où la rivière présente un niveau assez élévé du fait de la fonte de la neige tombée en abondance l'hiver dernier. Quelques passages se font dans des eaux parfois profondes, avec du courant, d'autres nous obligent à contourner des portions de chemin submergés. Les "rivers crossing" vont rester dans les annales de notre petite troupe avec de bonnes rigolades sur les differentes péripécies rencontrées.

 

La dernière portion du trek entre Padum et Darcha est toute aussi belle. Nous visitons le monastère de Phugtal, construit dans une grotte il y a 2500 ans. Un cyprès trône seul en haut de la falaise. La construction est impressionante et les passages assez vertigineux. Plusieurs projet de replantation de peupliers sont menés dans les villages longeant la rivière Kargyak. Le bois est ensuite utilisé pour les constructions. Sur notre chemin se dresse la montagne sacrée de Gumburunjun dont la face de granite blanc, s'élance à la verticale vers le ciel. La montagne domine toute la vallée et semble hypnotiser notre regard au fur et à mesure que nous nous approchons car dans ces dalles rocheuses se distingue la silhouette géante d'un boudda assis. Notre dernier col, à 5050 m, marque la fin de notre trek et la descente vers Darcha. Totalement en neige, il donnera quelques soucis aux cheveaux de Karma. Bientôt, une route reliant Darcha à Padum sera construite via ce col, rendant la grande traversée du Zanskar bien moins attractive. Arrivés à Darcha, nous prenons le bus pour Leh, et après 16 h passées dans l'allée centrale du bus archi plein, nous débarquons dans la ville après 26 jours en montagne, prêts pour d'autres aventures.

Itineraire
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