Kolkata, le 5 Mai 2010
KOLKATA CALCUTTA
Parmi 14,7 millions d'habitants, nous sommes dans la deuxième plus grande ville d'Inde derrière Mumbai (Bombay).
A cette époque de l'année, la ville est caniculaire et suffocante avec un bon 40° de moyenne. Le moindre effort, la moindre marche ou tout simplement un repas vous mettent totalement en sueur. Un gros orage nous surprend le premier soir, mais malgré des éclairs assourdissant et claquant à vous faire rentrer la tête dans les épaules, ainsi qu'une forte pluie, il rafraîchit à peine l'atmosphère.
Kolkata est une ville vibrante. Dans ses rues, nous sommes pris dans le tourbillon sonore et dense des vieux taxis jaunes, des rickshaws motorisés et des pousse-pousse à bras qui aujourd'hui ne se voient presque plus qu'ici. Sans les quelques voitures privées et les motos, on donnerait facilement aux rues de la ville 60 ans de moins. Comme si le temps ici s'était arrêté.
Et attention aux couche tard, car entre 1 heure et 7 heure du matin, les sens de circulation changent sur de nombreux grands axes de la ville.
Une fois les deux pieds sur le trottoir nous entrons dans un monde à deux facettes où la modernité et la consommation cottoyent la précarité et la survie.
Dans une même rue vous pouvez passer devant une boutique Levis et des petits vendeurs de thé ou de jus de canne à sucre, des cireurs de chaussures, des monticules d'ordures ramassés à bras le corps par des hommes en guenilles et d'autres hommes qui se lavent sous les pompes mécaniques à eau, plus loin, des familles et des infirmes vivent à même la rue.
Kolkata, c'est aussi ses rues et ses arrières rues. Cette ville refuge n'a cessé de grossir de migrants démunis, pendant la partition ou encore le guerre indo-pakistanaise de 1971, et chaque année de Bengalis quittant les campagnes. Tous ces réfugiés sont difficilement absorbés par la grande ville.
Au détour d'une petite rue, entre la voie ferrée et la rivière Hooghly nous nous sommes ainsi trouvés dans un autre Kolkata où les bâtiments de bétons laissent place à des cabanes de tôle et de produits divers de récupération, où les enfants jouent dans la boue et les déchets, où les hommes attendent désoeuvrés devant leur abris, où les femmes tentent de préparer une repas pour leur famille. Et je pense que nous sommes loin, très loin d'avoir vu la réalité des bidonvilles de périphérie.
Alors que plus bas, plus loin, près de cette même rivière, s'élève la grandeur et la splendeur de l'édifice de marbre blanc du Mémorial Victoria construit au début du siècle pour une reine et finit plus de 20 ans après sa mort.
Et dans la ville les anciens bâtiments de l'époque coloniale s'élèvent, imposants, comme la haute cour de justice et ses façades de briques rouge ou la cathédrale blanche de St Paul.
Cela paraît invraisemblable, tant de différences, tant d'extrêmes et tant de mélanges.
Nos yeux sont partout dans les rues de Kolkata, ils observent, ils essayent de comprendre et ils croisent le regard fixe, insistant et très curieux des indiens qui nous regardent autant que nous les regardons.