Ulaanbaatar, le 27 Septembre 2009

LA ROUTE DU SUD

 

A notre retour à Olgii, nous restons deux jours dans la ville le temps de prendre une bonne douche et quelques repas copieux pour recharger les batteries.

Mike et Uuganaa ont comme projet de rentrer à UB par le désert de Gobi, au sud du pays. La perspective de ce trajet nous tente bien et nous décidons de nous joindre à eux. Le groupe est complété par Barbara, une australienne rencontrée au camp de yourte où nous dormons.

 

C'est avec le sergent Garcia que nous nous rendons à Khovd à 6 heures de route au sud d'Olgii. Nous sommes hébergés chez l'oncle de Uuganaa le temps de trouver un véhicule et un chauffeur pour la suite du trajet. La tâche ne s'avère pas facile. Les prix  sont élevés et les chauffeurs sont reticent à l'idée de faire un aussi long trajet. Après une journée et demi de recherche et une annonce passée auprès du « speaker » du marché, nous trouvons enfin un véhicule. Nous fêtons la nouvelle en allant déguster des glaces à la fabrique de la ville.

Nous prenons ainsi la route de Uench, pour rendre visite à la famille de Uuganaa. La jeep est surchargée. Ici, on rentabilise les transports ! Nous sommes cinq plus le chauffeur et son frère. Le coffre est rempli par nos bagages et des sacs de légumes sont fixés à l'extérieur de la voiture. Chaque espace est utilisé, jusqu'au moteur qui est garni de choux.

 

La piste pour rejoindre Uench est difficile, nous crevons une fois et nous finissons le trajet avec le pot d'échappement  par dessus les sac de légumes, ce dernier s'étant décroché en route.

Dans la jeep nous sommes ballottés dans tous les sens. Nous progressons dans un canyon étroit bordé de falaises rocheuses. C'est avec envie que nous regardons ces grandes dalles de granite. Nous aurions bien chaussé lespantoufles d'escalade.

           

Les deux jours que nous passons dans la famille de Uuganaa sont riches en découvertes. Nous visitons l'école du village où ses parents travaillent. Avec ses 35 classes, elle accueille presque 1000 élèves de 6 à 18 ans. Un internat héberge les enfants qui habitent loin de la ville. La mère de  Uuganaa qui est prof de musique nous joue quelques morceaux d'instruments traditionnels.

Nous visitons également l'hôpital public de la ville. Le bâtiment de deux étages peut accueillir jusqu'à 15 patients dans des chambres de deux à trois lits.

Il dispose d'une salle d'opération et d'une salle d'accouchement. Mais les soins sont très limités. Il y a peu de matériel et peu de thérapeutiques à la disposition des soignants. Nous avons visité l'hôpital un dimanche et par exemple, le week-end il n'y a pas de médecin. De plus, la seule infirmière présente n'a pas accès à la salle des traitements.         

          

Notre séjour à Uench nous donne l'occasion de voir un Naadam : festival mongol. Le plus important de Mongolie à lieu à UB au mois de juillet, mais chaque région organise son propre festival. Nous arrivons à la fin des courses de chevaux. Les cavaliers sont des enfants de 5 à12 ans qui montent à cru sur desparcours de 15 à 30 km selon l'âge du cheval. Les chevaux gagnants sont ceux qui paradent avec leurs couvertures colorées et leurs médailles accrochées sur la tête.

Le tournoi de lutte est très intéressant et nous passons un bon moment autour de l'air de combat. Les lutteurs portent de grosses bottes de cuir, une culotte et un haut à manche longue qui laisse le torse découvert. La tradition mongole raconte qu'une femme s'est faite passer pour un homme et a gagné de nombreux duels. A la suite de cet événement, la tunique a été redessinée et laisse le torse nu pour obliger les femmes à rester sur le banc des spectateurs.         

Avant le duel les lutteurs réalisent une danse symbolique sous les couleurs mongoles, puis le combat commence. Les règles sont simples, le premier qui touche le sol a perdu.

Ensuite nous allons au pied de l'ovoo le plus haut de Mongolie. Un ovoo est une large pile de cailloux qui se trouve le plus souvent à un col ou au sommet d'un relief. On y trouve souvent de la petite monnaie, des écharpes à prières, des bouteilles de vodka ou encore des sucreries, posées en offrande aux esprits. Au XVI ème siècle, le gouverneur de la région a fait construire treize ovoos, le plus haut mesurant 27 mètres de haut. Aujourd'hui il n'en fait plus qu'une quinzaine suite à sa destruction partielle pour l'utilisation de ses pierres. Sur les treize ovoos, seul deux sont sur le sol Mongole, les autres se trouvent maintenant en Chine.        

           

Après deux jours passé à Uench nous reprenons la route en direction de la région de Gove-Altaï. Nous nous arrêtons chez les grands parents paternels de Uuganaa. Ils vivent auprès d'une petite rivière serpentant dans une large gorge. La terre est ainsi plus fertile et offre un bon pâturage aux troupeaux de bétail. Ici les chèvres, les moutons et les vaches se mèlent aux chameaux et parfois aux yacks. Dans cette région se trouvent également des chevaux sauvages. Ils viennent de Hollande et ont été réintriduits il y a quelques années. Nous croisons un responsable du programme qui nous précise qu'aujourd'hui on compte 128 chevaux contre 25 au départ.

           

Un jour de route en plus et nous voici au pied de  Eej Khairkhan Uul, la montagne “ mère de dieu”. Haute de 2275 m, elle se situe en plein désert et est entourée de petites dune de sable. C'est la première étape “Paris Dakkar” de notre voyage : le minibus s'ensable deux ou trois fois.

           

La roche de calaire et de bazalte forme des falaises lisses et bombées, sur lesquelles reposent des blocs de pierre aux formes insolites.  Nous prenons plaisir à crapahuter sur ces rochers arrondis et nous nous baignons dans les piscines naturelles creusées dans la roche.

La topographie des lieux et les écharpes à prières bleues accrochées un peu partout, donnent à l'endroit une certaine tranquilité. Nous terminons le pélerinage en allant à une petite grotte où deux Lamas se sont réfugiés pendant six ans afin d'échapper à la répression communiste d'après guerre.

Nous nous arrêtons en plein désert pour la nuit. Au coucher de soleil, l'horizon s'enflame d'un rouge orangé alors que la plaine est plongée progressivement dans l'obscurité.

           

Alors que nous poursuivons la route vers le sud, nous essuyons une panne. Nous sommes obligés de changer une pièce et dans le désert, difficile de trouver un “feu vert”. Mais en Mongolie la vie fonctionne différement. Un éléveur qui habite à quelques kilomètres d'où nous sommes arrêtés possède une jeep de la même marque que le minibus. Ici tout le monde roule à la jeep ou au minivan russe. Nous rachetons donc la pièce à l'éleveur qui lui ira plus tard en récupérer une pour sa propre voiture à la ville la plus proche.

           

Le lendemain nous arrivons dans le parc national de Gurvan Saikan. C'est notre deuxième étape “Paris Dakkar”. L'approche des grandes dunes de sable est difficile, le minibus s'ensable dans les  pentes et se coince dans les multiples arbustres secs qui recouvre le sol. Mais grâce à une conduite énergique et  aux garçons qui à pieds montre le passage au chauffeur, nous franchisssons cette partie piégeuse.

           

La région des dunes est magnifique et insolite. Nous avons tout à coup l'impression de nous trouver aux portes du Sahara. Une bande de dunes de 100 kms de long et 12 kms de large se dresse devant nous avec en arrière plan les pointes noires d'un massif montagneux.

De nombreuses dunes atteignent 300 mètres de haut, nous partons immédiatement en grimper une. La montée est assez physique dans le sable mais la vue que nous avons du sommet vaut bien ce petit effort. C'est avec émerveillement que nous découvrons un ensemble de formes et de lignes épurées qui  reproduisent les arrondis du ying-yang. Dans le soleil couchant de cette fin de journnée nous prenons plaisir à comtempler cette mer de sable aux reflets d'or. La descente se fait en courant au rthyme de grandes enjambées et de bons. Nous arrivons en bas totalement ensablés, le rire aux lèvres de cette course folle !

           

Après les dunes nous nous rendons au canyon de Yolyn Am. En hiver, la glace bouche la gorge, elle peut atteindre une hauteur de 10 m sur environ 10 kms. Jusqu'à ces deux dernières années des résidus de glaces étaient encore présents l'été et bloquaient la gorge, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

           

Nous reprenons la route pour Dalanzadgad, le centre de province d'Ömnögov. Le vent qui s'est levé en fin d'après midi se renforce de plus en plus. Nous avons du mal à suivre la piste à cause de la poussière et du sable soulevés par le vent. A Dalanzadgad nous apprenons qu'une tempête est annoncée pour les deux jours à venir. Les autorités déconseillent les déplacements et les routes sont bloquées. Nous restons donc le samedi en ville. Le vent est impressionnant, il y a de la poussière de partout et des bourasques nous chahutent dans les rues. Dimanche le vent s'est calmé nous pouvons reprendre la route et nous remontons maintenant au nord pour rejiondre UB.

           

Nous nous arrêtons à Bayanzag pour visiter le musée des dinosaures, mais ce dernier est déjà fermé et démonté. Le gardien du site nous montre quelques scquelettes de bébés dinosaures et des oeufs encore à demi enfouis dans le sol.

En route, nous visitons le temple de Ongiinkhiid. Ce site boudhiste était le plus grand de Mongolie, il comprenait en plus de ces deux temples principaux 17 petits sanctuaires et de nombreuses maisons d'habitation. Il a été détruit en 1935 par les communistes. Aujourd'hui il ne reste quasiment rien des batisses.

           
C'est donc après deux semaines de route et la tête pleine d'images, de rencontres et de souvenirs que nous rentrons à UB. Encore sous le charme des grands espaces, nous devons nous réadapter à la ville, au traffic automobile, aux bruits urbains.