Séoul, le 25 octobre 2009

        Après un bref passage à Xi'an (à 1200kms de Beijing dans le centre) pour voir l'armée de soldats de terre cuite, direction Chengdu et le Sichuan.
Ce trajet nous amène loin de la capitale, dans la province Tibétaine du Kham. Suivent ensuite deux jours de bus, un arrêt rapide à Kangding et nous rejoignons le petit village de Tagong.
        
La route étroite, qui serpente au font de gorges et de canyons nous ouvre les portes du territoire Tibétain. A mesure que nous nous enfonçons dans les montagnes et que nous prenons de l'altitude, la culture Tibétaine apparaît.
Ce que nous observons en premier ce sont les habitations. Maisons de pierres, massives, elles ont pour la plupart un toit plat et une ou plusieurs terrasses pour stocker les denrées et le foin. Elles sont toutes décorées de très belles peintures autour des fenêtres, des portes et sur les éléments de toiture. Dans la région de Siguniang des croix Tibétaines, des fleurs et autres symboles bouddhistes sont peints en blanc sur les façades.
Les drapeaux à prières en écharpe ou fixés sur de grands bâtons de bois sont omniprésents et aiguillent les villages et les flancs de collines. Les stupas se succèdent aux temples, aux ovoos et vice-versa.
Nous croisons des pèlerins en prosternation sur le bord des routes. Ils ont pour unique équipement un large tablier et des manchons de peaux de moutons. 
Ici vivent les Khampas, des guerriers Tibétains auteurs des premières rebellions contre les chinois. Dans les villages ils arborent fièrement costumes et bijoux : les hommes portent la veste traditionnelle à manches longues resserrée par une écharpe de couleur dans laquelle se cache parfois un long poignard. Les femmes ont les cheveux longs, décorés de coraux, de boules d'argent et de coiffe colorées. Elles portent de longues robes auxquelles s'ajoutent des manteaux épais.
Ces Tibétains sont agriculteurs, ils cultivent le maïs, les pommes de terre, les choux et autres légumes. C'est aussi la saison de la récolte des pommes dans les vergers et les villages regorgent de sacs près à partir en ville. Les cultures en terrasse partent du fond des gorges, au plus près d'impétueux torrents et remontent très haut sur les flancs des montagnes.
L'élevage de yak se fait principalement par les nomades qui vivent sous de grandes tentes de toile  marron.

C'est avec émerveillement et stupeur que nous entrons dans ce monde. Au village de Tagong, le bus nous arrête sur la place centrale. Nous nous retrouvons en face du vieux monastère construit en 652 et toujours en activité. Il est entouré de rouleaux à prières où des pèlerins se suivent pour les actionner.
Derrière le temple, en hauteur, flottent des centaines de grands drapeaux plantés en triangle sur la colline et au dessus de nos têtes s'agite une immense banderole de drapeaux à prières. 
A cette fantastique vue se superposent les chants des pèlerins et des moines ainsi que les gongs du monastère. Nous voici ailleurs, nous voici en plein Tibet ! 
Nous logeons dans une maison traditionnelle. Le jardins est embelli de fleurs. A l'intérieur, les chambres et dortoirs sont décorés de peintures bouddhistes. De nos fenêtres nous entendons retentir les chants et les prières du village. 

Un après midi, nous nous promenons sur la colline aux drapeaux et continuons la ballade vers la lamaserie du village. Un lama nous fait signe et nous appelle depuis sa cour. Nous faisons la connaissance de Satchjé. 
Il nous offre du thé au beurre et du yaourt de yak. Satchjé parle anglais, il l'a étudié à Dharamsala et à Kathmandu où il a vécu.
Il est rentré depuis seulement deux ans et demi dans sa région et est fier de nous montrer sa maison qu'il vient juste de construire.
Satchjé mène une vie reculée, consacrée à la méditation. Il ne descend jamais au village et passe de nombreuses heures de la journée à prier. Il est heureux de discuter avec nous. Sa joie et son intérêt sont partagés. Pour nous cette rencontre inattendue relève du rêve.
Satchjé nous raconte un peu son histoire et celle de la région. Les troubles, les difficultés, la lutte menée pour son pays. 
La conviction, la ferveur et l'insouciance du rire du Lama pendant son récit ravive l'espoir. Le peuple tibétain n'a pas baissé les bras, loin de là !