Katmandou, le 12 Février 2010

SUR LES CHEMINS DE L'HIMALAYA

Après quelques jours passés à Katmandou afin de récupérer permis, cartes, ticket de bus et d'organiser notre mois de montagne dans la région de l'Everest, nous voici sur les routes népalaises.

140 kilomètres nous séparent de Syabrubesi, le village de montagne où débute notre trek. Au programme, 15 jours de marche dans la vallée de Langtang et de l'Helambu.
Le bus local met 9 heures pour parcourir la route sinueuse, taillée dans les pentes raides des montagnes. Nous sommes surpris par ces pentes très abruptes qui dominent des vallées étroites. Des cultures en terrasse couvrent les versants ensoleillés. Les petites parcelles se superposent sur toute la hauteur des montagnes, offrant un paysage découpé très spectaculaire.

Nous remontons la vallée encaissée de Langtang. Le chemin sillonne dans une forêt dense et désordonnée, habitée en partie par de gros singes au pelage noir et à la tête blanche.
Après une journée de marche, la vallée s'élargie et nous commençons à apercevoir les sommets enneigés de Langtang.
Il y a du monde sur la route ! Trekkeurs, habitants de la vallée et porteurs se croisent sur un chemin étroit. Les porteurs sont de tous les âges, hommes comme femmes ou jeunes adolescents, ils portent de lourdes charges de sacs de riz, de vivres en tout genre, de tôle, de bois, de pierre ou encore d'eau.
Sur la route nous trouvons de nombreux lodges pour accueillir les touristes. Nous prenons toujours les plus petits, les plus rustiques et les moins fréquentés. Les gens y sont plus accueillants et chaleureux et nous ressentons moins le business qui gravitent autour de la venue des touristes dans ces régions montagneuses. Nous aimons discuter avec les familles autour des fours en terre cuite ou des petits poêles en fonte. Nous en profitons pour prendre des cours de cuisine locale : dal bath, pain sherpa, chapati, chowmein, thé tibétain...

Depuis Gyanjin Gompa, nous faisons l'ascension du Tersko Ri (4985 m), notre premier sommet de l'année. C'est une bonne grimpette qui se termine sur une arrête caillouteuse et ventée où le froid rappelle l'altitude.
Au sommet nous sommes accueillis par le claquement des drapeaux à prières accrochés à de grands pics en bois. Leurs couleurs arc en ciel contraste avec la blancheur des cimes qui nous entourent. Il y a du beau monde de ce côté ci avec le Langtang Lirung (7246 m), le Langshira Ri (6310 m), l'Urkaimag (6151 m) ... même si le temps n'est pas vraiment de la partie.

Après la vallée de Langtang, nous prenons le chemin des lacs de Gosaikund. Nous passons par le village de Thulo Syabru, perché sur l'arrête d'une colline. Le sentier chemine entre les maisons de pierres et de bois et dans les cultures en terrasse, le sourire des habitants nous aide dans cette dure montée.
A Laurebina Yak (3901 m) nous avons une formidable vue sur les Annapurnas, le Manaslu, le Ganesh Himal, les montagnes du Tibet et le Lantang Lirung. En avance sur le trek nous passons une après midi entière en admiration devant ce splendide panorama.
A l'étape suivante, les lacs de Gosaikund sont encore entièrement gelés, nous pouvons apercevoir les pas des nombreux pèlerins qui viennent en faire le tour toute l'année.
La culture bouddhiste est très présente dans ces montagnes. Les chortens ou stupas sont nombreux et des drapeaux à prières flottent aux cols et aux sommets des pics rocheux. Dans les villages, tous les drapeaux arborent de belles couleurs vives. Ils ont tous été changés à l'occasion du Lhossar qui se fête ici pendant 15 jours.

Nous continuons sur le col Laurebina (4600 m) avec un chemin qui ressemble à une piste de bobsleigh en raison de parties complètement gelées.
Ce col nous donne accès à la Région d'Helambu. D'altitude plus basse, la région est principalement habitée par le peuple sherpa. L'agriculture est prédominante. Le nom de la région vient d'ailleurs des champs : He signifie pomme de terre et Lambu navet.
Les villages sont nombreux,  plus ou moins importants, avec quelques fois un monastère, une école et plus rarement un centre de santé. Les villageois sont souvent isolés à plusieurs jours de marche de la première route carrossable.
A Nakote, nous sommes hébergés pour la nuit par une famille. Les grands mères et les enfants du village défilent dans la maison pour nous voir.

Notre dernier jour de marche se fait sous des trombes d'eau. Les cours d'eau sont rapidement gonflés et leur franchissement sur des ponts de bois devient plus impressionnant.
A Thimbu, nous récupérons un bus pour rentrer à Katmandou. Mais les routes sont boueuses et gorgées d'eau. Malgré les efforts du chauffeur et des passagers, le bus reste bloqué dans une montée. Nous devons faire demi tour et emprunter une route plus facile mais deux fois plus longue pour rejoindre la capitale.

Katmandou nous accueille dans sa nuit agitée et cosmopolite. Rues noires, sans éclairage, feu de bois sur les trottoirs, stupa au regard illuminé et mariage hindou avec orchestre et danse dans la rue, et Thamel et tous ses touristes ...