Katmandou, le 23 Mars 2010


MERA PEAK

Après 17 jours de marche nous voici de retour à Lukla où nous faisons un bref arrêt pour nous ravitailler dans les petits commerces du village.
Ce coup-ci, direction le Mera Peak en empruntant le début de la route menant au Makalu.


Cette région est regroupée dans le parc national du Makalu Barun qui est beaucoup plus sauvage et beaucoup moins fréquenté que sont voisin, le parc Sagarmatha donnant accès à l'Everest.
Dans la région, les lodges sont de petites cahutes aux murs de pierres et aux toits de pans de feuillage séché. A l'intérieur une pièce commune abrite un petit coin cuisine autour d'un foyer. Une table est dressée pour les repas et des couches de paille séché sont installées en guise de lit.
Le confort est rudimentaire mais nous apprécions cette simplicité et cette authenticité.

Au deuxième jour de marche, nous passons le col Zatrawa La 4610m qui nous ouvre l'accès à la vallée du Mera Peak. Après les étapes de Thuli Kharta et Kote, nous arrivons à Kare 5045 m. Du petit village de lodges, nous montons au camp d'altitude situé à 5780m, sur glacier, derrière un gros éperon roccheux pour se protéger du vent.
Ce jour là, les nuages qui arrivent chaque fin d'après midi sont en avance. Nous finissons donc la montée dans le brouillard sans pouvoir jeter un oeil à notre itinéraire pour le lendemain.
La neige, suivit du vent et de l'orage arrive rapidement après la fin de l'installation du camp. Nous sommes secoués tout le début de la nuit mais les dernières grosses rafales de vent libèrent le ciel qui est clair et étoilé à notre levé à 2h du matin.
Les sherpas ont du mal a trouver un itinéraire dans la nuit et avec les 30 cms de neige fraîche qui ont comblé les anciennes traces. Nous nous rendons rapidement compte que nous errons sur le glacier sans direction précise et efficiente.
Les relations avec nos guides se durcissent rapidement. Connaissent-ils la voie d'ascension oui ou non?
Nos compères sont un peu trop fiers et ne veulent pas perdre la face ou encore moins s'abaisser à dire qu'ils n'en savent rien et qu'ils sont dépassés par les conditions. Au levé du jour nous décidons de poursuivre dans la direction qu'ils ont pris et finalement, nous atteignons un sommet à 6200m entre le Mera South 6064 et le Mera Central 6461m.

Pour nous c'est un peut le second coup dur de notre aventure mais nous le prenons avec plus de résignation que la dernière fois. Nous avons aussi compris que nos compères ne sont pas dans une démarche de changement ou d'évolution. Tout le long de l'ascension Pierrick n'a cessé de leur donner des conseils sur le maintient du piolet et de la corde, l'itinéraire entre les crevasses, les techniques de sécurité pour les franchir ... mais leur attitude montrait clairement qu'ils ne se souciaient pas de ces "détails". L'envie d'apprendre ou de se perfectionner n'était pas là.

Après le sommet le temps se dégrade. Chaque après midi sur le chemin qui nous ramène à Lukla nous avons droit à des averses orageuses de neige. Le col de Zatrawa La est enneigé et glacé, et son passage au retour est plus délicat.
Mais la redescente du col nous apporte une belle surprise pour clôturer notre périple. La floraison des arbres à rhododendron a débuté. Dans le vert foncé des feuilles des arbres éclate la splendeur du rouge sang de leurs fleurs.

Ces couleurs  chatoyantes annoncent le début de l'été au Népal. La chaleur de Lukla nous surprend. Et que dire de notre retour à Katmandou.
Le soleil est fort et lourd sur la ville, l'air sec et chaud. La capitale a changé, s'est réveillée de son hiver. Les rues sont deux fois plus grouillantes de voitures, de motos et de piétons. L'effervescence et l'agitation sont grandes. A moins que se soit notre vision qui est changée et qui se soit désadaptée de la vie urbaine après tant de temps passé sur les chemins, le sac sur le dos.