Katmandou, le 23 Mars 2010

 

IMJA STE

Après notre périple sur les chemins de Gokyo et du camp de base de l'Everest, nous traversons encore une vallée pour rejoindre Chhukhung et le début de la route pour l'Imja Tse.
Cette vallée est plus sauvage et moins fréquentée. Après Dingboche (4410m) elle nous donne l'occasion de voir de nombreux troupeaux de yaks en semi liberté. Certaines bêtes sont impressionnantes avec leur taille imposante, leur fourrure épaisse et leurs cornes menaçantes. Leur marche est majestueuse sous le balancement des pompons rouges accrochés à leurs oreilles. Les jeunes yaks ont une allure beaucoup plus fougueuse et brouillonne parmi les aînés. En cette fin de journée, les yaks redescendent vers le village, plus ou moins en file indienne, suivit parfois par un berger qui lancent de longs sifflements pour les faire avancer.

Chhukhung est un petit village de lodges à 4730m d'altitude. Sur une journée, nous montons en direction du Chhukhung Ri 5550m et nous pofinons notre entraînement à la remontée de cordes fixes à l'aide de poignée jumar pour la dernière partie de l'ascension de l'Imja Ste.
Ce dernier est aussi appelé Island Peak et il porte bien son nom. Ce sommet est un îlot de glace et de roche de 6189m, perdu entre les glaciers descendants du Lhotse - 8516m - et le grand lac glacé d'Imja Tsho. Après quelques heures de marche depuis Chhunkhung nous installons le camp de base au pied de la montagne et du lac contenu par des morraines de terre et de roche. Ce lac représente une menace pour les vallées inférieures en cas de rupture de ces digues naturelles. Dans le milieu des années 90, une avalanche est descendue des pentes de l'Island Peak et a détruit une partie des berges du lac qui s'est partiellement déversé dans la vallée. Aujourd'hui, on voit encore quelques traces de la catastrophe à travers de gros éboulis de cailloux.

La nuit précédent l'ascension est courte, à deux heure du matin nous sommes déjà en route.
Si il y a quelques années la moitié de la course se faisait sur glacier aujourd'hui il ne reste que 250m d'ascension sur glace. Nous montons ainsi jusqu'à 5850m sur des arrêtes et dans des couloirs de rocailles instables. Mais là dessus les népalais sont loin d'être à jour. Ils vont en montagne s'en avoir l'air de prendre en compte les changements progressifs et potentiels du milieu. Dans les agences de katmandou les managers continuent de vendre l'Island Peak comme un trekking peak facile et accessible même aux non initiés. Pourtant les conditions évoluent et nous trouvons cette pratique bien inconsciente et dangereuse actuellement.
Pour notre aventure les choses se compliquent en prenant pied sur le glacier après la traversée d'une arrête effilée et aérienne. Ce dernier est sec, sans un poil de neige, avec une glace dur comme du béton. Les sherpas qui nous accompagnent montrent une inexpérience flagrante et une inadaptation aux conditions de saison de la montagne. Ils chutent alors qu'ils tentent de poser les cordes fixes qui devaient nous permettrent de rejoindre l'arrête sommitale.
Par sécurité nous arrêtons donc l'ascension ici, à moins de 200m du sommet, qui nous tend les bras juste au dessus.

Nous sommes désapointés par la qualité de cet accompagnement. Une de nos motivations pour prendre de l'aide dans la réalisation de notre projet de montagne au Népal était de partager des expériences avec ses hommes de montagne. Les sherpas véhiculait à nos yeux une image respectable et un peut mytique. Mais la réalité de la situation est bien différente aujourd'hui. Et il s'avère que ces hommes partent en montagne et proposent leur service de guide alors que leurs compétences, leurs connaissances et leurs capacités dans ce milieu sont bien trop réduites et conduisent à des comportements très dangereux. La descente se fait tête basse pour chacun, reflétant une journée de montagne difficile.

Nous essayons donc de nous remotiver pour le second sommet après une longue discussion avec nos partenaires et entamons la descente vers Lukla, d'où nous rejoindrons la vallée du Mera Peak.